les expositions — 2011

Jardins d’Amis II

Du 7 au 21 mai
Vernissage le 6 mai

Immanence, Paris

Caroline Bittermann Beate Gütschow Vier5 Catherine Lorent Ulrike Flaig Isa Melsheimer Jürgen Nefzger Daniela Goeller Art Orienté Objet

Curatrice : Caroline Bittermann

Jardins d’Amis II

Second volet de l’exposition Jardins d’Amis à la galerie Immanence, Paris, Mai 2011

Une proposition de Caroline Bittermann

Depuis 2006, Caroline Bittermann travaille sur une série de portraits de petit format, peints à la gouache. La série, qui compte désormais près de 150 gouaches, est intitulée « Jardins d’Amis ». Le thème fédérateur est l’amitié – fidèle à une vieille tradition romantique. Au début, la série rassemblait avant tout des portraits de proches et d’amis. Ensuite la série s’est progressivement élargie à tout le réseau social de l’artiste et à des personnages aussi bien historiques que contemporains qui se sont à leur manière préoccupés du thème de la nature ou qui ont influencé le travail de l’artiste par un autre biais. Cette série était à l’origine d’une première exposition, organisée en 2007 à la galerie Immanence. Caroline Bittermann, dans son rôle d’artiste-commissaire et médiatrice indépendante, y avait convoqué la commissaire Christine Heidemann et l’artiste Isa Melsheimer (vivant toutes les deux à Berlin) et leur avait proposé d’inviter chacune encore deux autres artistes.

Jardins d’Amis II est le second volet de Jardins d’Amis qui a eu lieu en 2007 à Immanence. Cette première exposition donnait à voir une réaction en chaîne d’invitations d’artistes et de commissaires d’expositions internationaux. Le titre de l’exposition se rapporte au thème de prédilection des peintures de Caroline Bittermann, le portrait d’ami qui s’articule au sujet du jardin et à l’histoire personnelle du modèle. Le second volet prend sa source dans l’étude approfondie de l’évolution historique des utopies écologiques et des nouvelles positions dans les sciences naturelles. A travers le choix des œuvres, cette seconde exposition permettra de mener une réflexion politique sur les enjeux écologiques actuels. L’exposition instaure à nouveau une chaîne d’invitations autour des thèmes de la nature et des liens qui se tissent entre les artistes. Caroline Bittermann a invité les artistes Beate Gütschow (Berlin), Vier5 - Marco Fiedler et Achim Reichert (Paris) et Catherine Lorent (Berlin) à participer à cette deuxième édition et a demandé à la spécialiste en histoire de l’art Daniela Goeller de participer à l’exposition en rédigeant et en présentant à son tour trois positions artistiques :celles d’Ulrike Flaig (Berlin), de Jürgen Nefzger (Nice/Paris) et d’Art orienté objet - Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin (Paris).

A travers le choix des œuvres présentées par Caroline Bittermann et Daniela Goeller, cette exposition permettra de porter un regard plus analytique sur les enjeux écologiques actuels et se distinguera du caractère plus poétique de la première édition.

La relation entre nature et culture est au centre de toutes les réflexions. Il s’agît aussi de considérer et de retracer l’évolution historique de cette relation et la manière dont elle a été perçue. Outre la présentation de la thématique de la nature (importance de la nature pour l’Homme, aménagement de jardins, peinture et photographie de paysage, menace et protection de la nature, inventions écologiques) se pose la question des moyens de sa représentation en explorant les différentes sortes d’images (picturales, photographiques, filmées, virtuelles et mentales) leur fonction comme exemple, mémoire, utopie et leur capacité de rendre visible d’autres mondes.

La première exposition présentait des positions artistiques qui montraient une vision plutôt poétique de la problématique et qui jouaient avec l’idée de l’utopie. La deuxième exposition met en avant des stratégies, qu’elles soient artistiques, scientifiques, analytiques ou plus concrètement politiques. Ce nouvel angle se traduit aussi dans l’utilisation de nouvelles technologies et de l’utilisation du texte comme élément visuel.

Le travail des graphistes et couturiers Vier5 se situe à la frontière entre art plastique et arts appliqués et crée des points de rencontre fructueux. Le magazine de mode « Fairytale », édité deux fois par an, constitue une telle charnière. Les graphites et couturiers de Vier5 créent une typographie spécifique pour chaque édition, développent une collection de vêtements et un stylisme propre, réalisent des sessions de photos et intègrent quelques reportages et articles qui surprennent, en suivant un choix très subjectif. Avec ce magazine thématique, ils transgressent délibérément les frontières entre les genres. Pour l’exposition, ils présenteront une installation autour de l’édition « Nature », publiée en 2009.

L’historienne de l’art Daniela Goeller utilise le texte sous différentes formes et cherche à explorer différentes voies pour créer des rapports entre les œuvres, à la fois au niveau de l’écriture et au niveau visuel. Le texte n’est ni purement poétique et littéraire, ni purement descriptif et critique, mais s’inscrit comme une participation vivante dans le cadre de l’exposition.
Le travail d’Art orienté objet (Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin) comprend des aspects conceptuels, critiques et esthétiques et intègre des expériences issues de domaines hors du champ de l’art, tels l’ethnologie et l’écologie. Leur contribution à l’exposition est constituée par la position la plus clairement engagée et politique. Ils nous confrontent à la relation tendue que nous entretenons avec la nature et aux conséquences existentielles qui résultent de cette tension. Ils ont entrepris une expédition dans les régions polaires et ils y ont cherchés l’empreinte d’un ours polaire. L’expédition est documentée par des photos et une vidéo qui décompte le taux de CO2 consommé pour l’action. L’empreinte elle même a fondue entre-temps, pour des raisons inconnues en lien avec une erreur de conservation qui s’est produite pendant la dernière exposition de l’œuvre. Le travail est montré ici pour témoigner de cette disparition.

Les images de Jürgen Nefzger témoignent également d’une vision engagée, nuancée et résolument contemporaine de la nature, ou plus précisément du paysage. Le diptyque de l’exposition fait partie de la série « Hexagone » qui résume des années de travail sur les paysages en France. Jürgen Nefzger montre comment la conscience du danger qui menace l’équilibre écologique et qui est devenu une menace planétaire, rentre en conflit avec la recherche individuelle de spiritualité et une certaine vision du paysage comme espace de projection dérivée du romantisme.

La peinture classique de paysage est toujours présente dans ces images, mais elle l’est de manière encore plus explicite dans le travail de Beate Gütschow sélectionné pour l’exposition. En utilisant de nouvelles technologies, elle donne une interprétation moderne de deux peintures de paysage de Jakob van Ruysdael. Elle a transposé les peintures à l’huile en images digitales et les montre sous forme de deux vidéos dans un diptyque sur deux écrans. Dans le regard froid de la caméra se décompose l’atmosphère mélancolique des images. Les critères formels et sémantiques ressortent et dévoilent leur influence sur la perception contemporaine du paysage.

Le travail de Catherine Lorent évoque également des références historiques, même si elle s’éloigne, dans ses performances musicales, de la notion d’œuvre classique. Elle s’inspire avant tout de l’époque baroque qu’elle interprète assez librement dans ses images de paysages. Elle réalisera une performance musicale le soir du vernissage dont ne restera dans l’exposition que le prospect de scène crée pour l’événement.

Le rapport à la nature est moins visible dans l’œuvre d’Ulrike Flaig, qui réalise une installation in situ pour l’exposition en se servant d’objets trouvés dans l’espace et d’un film réfléchissant. Ce travail présente des aspects architecturaux et ne fait pas directement allusion à la nature. Néanmoins l’effet miroir du film rappelle les cabinets à miroirs du rococo qui servaient aussi à multiplier les projections d’éléments de nature et à créer des prospects paysagers en brouillant les frontières entre l’intérieur et l’extérieur. Ce travail réunit idée, image et expérience de l’espace et en cela se rapproche du concept de paysage. Il montre comment le monde est filtré, formé et recrée à travers notre perception.

La seule artiste présente dans les deux expositions est Caroline Bittermann. Dans la première exposition elle montrait les portraits des artistes participants et quelques autres personnes de son entourage personnel par une peinture murale montrant son propre profil. Dans la deuxième exposition elle montre une nouvelle installation avec les portraits de personnes aussi bien historiques que contemporaines avec lesquelles elle établit des affinités électives. Ce sont ces portraits de lieux idéaux et de mondes imaginaires qui lient les deux expositions autour d’une vision contemporaine de la nature, à la fois poétique et politique.

Les positions artistiques présentés lors des deux éditions de l’exposition se rejoignent et montrent comment le thème de la nature et la relation que nous entretenons avec elle s’articule à travers des idées, des images et des stratégies artistiques. elles nous montrent l’importance d’adapter notre comportement à nos connaissances. Cette deuxième exposition veut donner des impulsions pour provoquer plus de réactivité dans ce débat qui devient de plus en plus un débat existentiel dont notre avenir est l’enjeu.