les expositions — 2003
NUN 1234
du 13 au 20 décembre
Immanence, Paris
NUN 1234
du 13 au 20 décembre 2003
Nicolas Moulin
Curatrice : Anne-Marie Morice
"Je ne raconte pas d’histoire je présente les faits " dit Nicolas Moulin.
Nunatak signifie en géologie un pic montagneux proéminent du fait de sa résistance à l’érosion, plus concrètement c’est une petite montagne isolée qui sort de la glace et qui, à cause de ses versants abrupts, ne peut retenir la glace. Dans quelques millions d’années, selon les prévisions scientifiques, la Terre sera devenue un désert aride vidé de ses océans et fleuves. C’est cet état minéral qu’a représenté Nicolas Moulin dans une installation du même nom, présentée à ArtBasel en juin 2003, où figurait la vidéo Nun.
Cette vidéo numérique réalisée en images composites (images de synthèse, photos, vidéos) emprunte sa forme à l’imagerie scientifique. Ce faux document semble être le résultat d’une observation satellitaire de la terre dont on approche peu à peu jusqu’à découvrir l’intolérable conséquence de la déshydratation totale. L’illusion de réalité est puissante. Nun 1234 donne au spectateur l’impression de dominer cette découverte, d’avoir un point de vue privilégié observant la terre tout en l’approchant. Ce voyage dans le futur nous plonge dans une méditation sur l’avenir qui pose, entière, la problématique du devenir de l’homme. Une nouvelle forme de Vanité en quelque sorte.
Aucun jugement de valeur n’est imposé au spectateur, c’est avec une neutralité quasi-scientifique que l’artiste nous donne à voir la beauté fulgurante de ces déserts minéraux où ne reste plus aucune trace du vivant. Le désert est l’un des environnements préférés de Nicolas Moulin que ce soient les zones industrielles aux périphéries urbaines ou les déserts de lave d’Islande. C’est dans ce retrait de l’anecdotisme, en conjuguant imaginaire et technologie, qu’il crée des images dont l’aura scientifique fictionne des imaginaires vertigineux - Paris vidé de toute trace humaine, le dépeuplement total de la terre. L´artiste donne ainsi au spectateur un point de départ crédible pour projeter son imaginaire dans l´inconnu. Un inconnu qui nous semble très proche.