les expositions — 2012

Salle d’attente

Du 8 au 30 juin
Vernissage le 7 juin,

New, Paris

Elvire Bonduelle Julien Berthier Baptiste Debombourg Sammy Engramer Camila Oliveira Fairclough Bertrand Planes

Curatrice : Elvire Bonduelle

Cette exposition en deux volets est l’occasion de présenter d’un côté SALLE D’ATTENTE, un accrochage collectif avec les œuvres de Julien Berthier, Elvire Bonduelle, Baptiste Debombourg, Sammy Engramer, Camila Oliveira Fairclough et Bertrand Planes, et de l’autre Bibliothèque de ma mémoire vide, un volume d’Elvire Bonduelle mis en dialogue avec une série de dessins à la règle, et autres.

« Voilà quelques années que je m’intéresse aux salles d’attentes comme parenthèses spatio-temporelles propices à la contemplation. Patientant chez mon dentiste, confortablement assise en face d’une toile, je la considérais au premier abord comme étant une « croûte ». L’attente s’éternisant, je contemplais la toile, au début très passivement mais petit à petit un certain dialogue s’instaura, et elle finit par beaucoup me plaire. Le temps et ma disponibilité d’esprit avaient permis cette expérience esthétique inattendue.
Une seconde expérience m’amena à vouloir désirer voir les œuvres d’art dans de meilleures conditions. Lors d’un voyage pour visiter l’exposition d’un peintre adoré, dont je n’avais jamais vu le travail en vrai. Arrivée au musée, la foule, le bruit, le manque de recul et d’assises m’empêchèrent de contempler les œuvres. Très déçue, je me consolais alors en dévorant le catalogue, confortablement installée dans mon train de retour. »

Ainsi est né le projet SALLE D’ATTENTE, l’envie de proposer de meilleures conditions pour voir les œuvres et ainsi renouveler la qualité de nos expériences sensibles et esthétiques.
Chez NEW Immanence, où l’atmosphère est déjà toute indiquée avec ses poignées en laiton, ses rideaux à lames verticales et son paillasson encastré, un ensemble d’œuvres sont mises en relation pour un accrochage « en salle d’attente ».
Les peintures de Camila Oliveira Fairclough se jouent des signes et des mots, et, dans l’apparente immédiateté de leur approche, s’offrent à nous en plusieurs temps.
Césium, miroir hypnotique de Baptiste Debombourg, reflète une image parcellaire et éclatée de l’espace qui s’en trouve comme « psychédélisé ».
L’horloge souriante « 10h10 » de Bertrand Planes défie les esprits trop rationnels et pressés tout comme l’étonnante plante verte de Julien Berthier dont l’apparence prête à confusion.
WOOD IS GOOD, retable iconoclaste d’Elvire Bonduelle, brouille les frontières disciplinaires et semble inviter à s’asseoir dessus.
Enfin, sur la table basse, quelques nouvelles défraichies de cette dernière accompagnent la revue LOG, entièrement consacrée au travail de Sammy Engramer, achevant de filer la métaphore de la salle d’attente.

Dans un second temps et un autre espace, Elvire Bonduelle présente Bibliothèque de ma mémoire vide, œuvre inspirée par ces meubles sur mesure qui parfois jonchent les rues parmi d’autres encombrants. Des objets spécifiques, sortis de leur contexte et esseulés sur le trottoir, pour lesquels l’artiste éprouve une certaine tendresse.
Conçus pour se loger sous un escalier, derrière une porte, dans tel ou tel autre recoin, ils témoignent en creux d’une réalité domestique pleine de problématiques pratiques.

Le standard opposé au sur-mesure, les normes, le conformisme, le moule opposés au fait-main, à l’artisanal et au spécifique sont des sujets récurrents dans le travail d’Elvire Bonduelle qui se situe souvent à la frontière du design et dialogue avec l’architecture.

Telle une bibliothèque sur-mesure sortie de son contexte, Bibliothèque de ma mémoire vide s’impose dans l’espace, monumentale et légère. Elle est vide, désespérément vide à en croire l’artiste. Sa structure graphique et linéaire offre au regard plus de vides que de pleins.
Une ouverture, dédoublée, substitue à l’habituelle promenade mentale d’une œuvre une réelle déambulation, non seulement autour mais dans l’œuvre. On y entre par la porte, comme dans une maison. C’est à la fois un meuble, une architecture et un paysage, une image. Mais la promenade est bien solitaire, pour qui aime parcourir les bibliothèques des gens afin de s’en faire un portrait.
Elvire Bonduelle chercherait-elle à dénoncer la vanité avec laquelle parfois nous affichons nos références comme des trophées ? Celle peut-être de certains artistes, prompts à entourer leur production de références telles des défenses ? On se souvient des Fauteuils pour livres de poche, créés en 2005, qui pointaient déjà l’autorité de la culture et le respect quasi sacré qui lui semble dû. A tord certainement !

Au mur sont présentés quelques dessins extraits de la série Les dessins à la règle. C’est le pendant récréatif du travail d’Elvire Bonduelle, fruit d’une pratique spécifique du dessin faisant usage de toutes sortes de règles et lettrines qui guident son trait. Ils témoignent d’un certain laisser-aller des habitudes de travail de l’artiste, et donnent lieu à de joyeuses divagations, tout en dialogue avec ses preoccupations coutumières.